Ma fréquentation du dossier du palace Martinez depuis plusieurs années m’a emmené
à une conclusion limpide : L’Etat français a dans l’affaire du Martinez réalisé la plus
grande spoliation dans l’hôtellerie de luxe du XXème siècle, dans notre pays.
Incroyable ! Emmanuel Martinez perd la propriété du palace – dont il est l’actionnaire
majoritaire -, en étant condamné au titre de la ‘collaboration économique’ par
solidarité avec un mort, M. Mandel (Michel) Szkolnikoff, lequel était décédé lors de
son procès !
Encore mieux : il est établi que ce Szkolnikoff est décédé avant l’écoulement du délai
qui lui était imparti pour préparer sa défense : il avait jusqu’au 10 juin 1945 inclus pour
présenter sa défense. Il est décédé, en Espagne, le 10 juin 1945 ! La condamnation de
Martinez, par solidarité avec le défunt Szkolnikoff, elle, est en date du 11 juillet 1945.
Martinez est condamné : car il ‘aurait vendu’ ses actions à Szkolnikoff (28 janvier1895
-10 juin 1945) qui était le fondé de pouvoir des Nazis, dans les investissements portant
sur le secteur du luxe. Or, dans un document secret, en date du 22 aout 1963, (jamais
présenté aux juges) l’Etat français indique que les nazis n’avaient aucune action de la
société propriétaire du Martinez.
Il faut savoir qu’Emmanuel Martinez est condamné par des juridictions sanctionnant la
collaboration économique, où ce sont rigoureusement les mêmes individus qui
enquêtent … qui poursuivent …et qui jugent !
La réalité de l’affaire Martinez ayant été soigneusement cachée – les archives n’étant
généralement accessibles qu’ à partir de 2047 et pour certaines 2071 – et, la stratégie
judiciaire suivie par les conseils de Martinez inappropriée, L ‘Etat, qui a obtenu la
gestion du palace pendant des décennies, a créé une ‘dette perpétuelle’ : Martinez
ayant été condamné à 3, 9 milliards de Frs 1945, avec un intérêt moratoire de 1% par
mois, le 11 juillet 1945.
Un dossier d’instruction de 2012 révèle que les fonctionnaires des Domaines, qui
géraient le MARTINEZ pendant 27 ans, n’ont jamais prélevé un seul centime de
l’exploitation du palace pour payer la dette de Martinez (cote D328 du dossier
d’instruction).
Rappelons que la personne qui a dénoncé Emmanuel Martinez aux autorités, M.
Bertagna, apparait lui comme collaborant avec les nazis (cote D 412 du dossier
d’instruction).
Pour le récompenser, l’Etat nommera Bertagna à la tête du Martinez, pendant des
décennies. On dit que »
bien mal acquis ne profite jamais » …
Conscient de ce scandale, son Excellence M. Pompéi, Ambassadeur d’Italie en France,
écrit le 15 mars 1980 à M. Victor CHAPOT – Conseiller du Président Giscard D’Estaing -
pour demander la restitution du Martinez. En vain !…
En catimini, pendant la ‘Trèves des Confiseurs’, l’Etat fait voter le 21 décembre 1979
un article de loi lui permettant de devenir propriétaire du Martinez ; en s’appuyant sur
une créance inexistante – tant en Droit qu’en fait.
Par une ‘dation en paiement’ : c’est à dire un moyen de payer son impôt en nature,
l’Etat est devenu propriétaire. Alors qu’en 1979, la ‘dation en paiement’ ne pouvait
porter que sur un bien meuble (tableau ou oeuvre d’art). Et, de fait, l’initiative de cette
dation devait émaner non de l’Etat mais des actionnaires – en particulier les ayants
droits Martinez. Qui, eux, se sachant spoliés ne l’ont jamais sollicitée!
Complice et serviteur de l’oligarchie financière, l’Etat cédera le Martinez à un vil prix à
la Famille Taittinger. Laquelle assure, dans une interview d’un de ses représentants au
Journal du Dimanche (14 novembre 2009) qu’au moment de la vente en 1981 : “
le
dossier avait était hyper bien verrouillé, tant avec Monsieur Papon, ministre du budget
du Président Giscard d ‘Estaing, qu’ ‘avec Monsieur Laurent Fabius ministre du Budget
du Président Mitterrand ».
L’action en revendication de la propriété du Martinez, que j’ai l’honneur de diligenter,
est pendante devant le TGI de Grasse (1 ère B RG N° 11/01557 et 1ere B RG N°
12/06659) ; ainsi que pour certains aspects devant la Cour D ‘ AIX EN PROVENCE (1ere
A RG N°13/02993). Le dossier d’instruction, qui a abouti à un non-lieu, car L’Etat ne
peut être condamné pénalement (art. 121-2 du Code Pénal) est référencé ainsi : Nº
Parquet 0829123015 et N° Instruction 300/11/73 TGI PARIS).
Au sortir de la seconde guerre mondiale ni PARIBAS, LE CIC, RHONE POULENC, La
SOCIETE GENERALE, LE CREDIT LYONNAIS, qui avaient créés des sociétés mixtes avec
des groupes nazis n’ont étés inquiétés. Ni M. Eugène SCHULLER, patron de l’OREAL,
qui avait créé le Mouvement Social Révolutionnaire, avec le chef de la Cagoule, M.
Eugène DELONCLE, en 1941, mouvement pronazi s’il en est ,ni M. BOUSSAC – qui livre
en pleine occupation 110 millions de mètres de tissus à la marine nazie – ne seront
également inquiétés et poursuivis au titre de la ‘collaboration économique’. (Voir »
« Histoire secrète du patronat », aux éditions la Découverte 2009 2010 page 40 et 41)
Oui comme l’a écrit jadis Saint AUGUSTIN : «
que sont les bandes de Brigands, sinon de
petits Etats ? Que sont les Etats, sinon de vastes bandes de Brigands? »
.
J ‘accuse ici, l ‘Etat – dit républicain – dans l’
Affaire Martinez d’avoir spolié Emmanuel
Martinez
et toute une famille, au mépris de tous les principes libéraux démocratiques
et républicains, d’avoir été et de demeurer dans ce dossier un Etat au service de
l’oligarchie financière, dont il n’a été que l’instrument .
Maitre PIERRE ZEGHMAR AVOCAT AU BARREAU DE MARSEILLE